GRENACHE BLANC
Le grenache blanc mène la danse des cépages traditionnels en surfaces, mais aussi en renommée. Faux-jumeau des grenaches noir et gris, il partage leur caractère enrobant au toucher de bouche et des arômes de cerise (mais au lieu de regarder vers la cerise rouge ou noire comme ses frères, il s’exprime sur la cerise blanche et la fleur de cerisier). Il apporte une délicieuse finale anisée caractéristique.
CLAIRETTE
A Adissan, on redonne ses lettres de noblesse à la Clairette du Languedoc. Sur une centaine d’hectares, l’appellation n’admet que le cépage clairette (blanche ou rosée, mais cette dernière est anecdotique). Elle se décline en sec ou en moelleux, contrairement à sa sœur qui habite à Bellegarde dans le Gard et reste essentiellement sèche.
Elles ont en commun une amertume élégante en finale après un fruit de pêche et d’acacia. L’amertume compense en fraîcheur la faible acidité de la clairette, qui l’expose à l’oxydation. En tout, la clairette occupe 400 hectares dans tout le Languedoc.
BOURBOULENC
Le bourboulenc est à la Clape ce que le carignan est aux Corbières. L’un ne va pas sans l’autre. Cépage à peau épaisse, il mûrit tardivement et se vendange après la plupart des rouges (sauf le mourvèdre). Il peut monter fort en alcool, on peut faire macérer ses peaux riches et le travailler comme un rouge, en structure, en toucher de bouche : il n’a de blanc que la couleur. Et ses arômes de cépage tardif sont d’une coupable gourmandise entre réglisse, sucre d’orge et liqueur de mirabelle. Comme le mourvèdre, il a besoin d’eau, de vent et de soleil. Comme le mourvèdre, il se régale à la Clape, où il doit représenter au moins 40 % de l’assemblage en blanc. Il ne représente que 350 hectares, dont la moitié en AOP la Clape.
PIQUEPOUL
Piquepoul (“qui pique les lèvres”, pas les poules), c’est le cépage. Picpoul (de Pinet), c’est l’appellation. Superstar de nos blancs, il trouve sa source sur le bord de l’étang de Thau, d’où les vignes gardent l'œil sur les parcs à huîtres de Bouzigues. Picpoul et huîtres : ces deux-là ont conclu une union sacrée. Le cépage piquepoul occupe 1800 hectares dans le Languedoc dont 1400 en AOP Picpoul et la quasi totalité autour de l’étang de Thau.
En IGP, et en particulier en IGP Côtes de Thau, le piquepoul s’associe au terret (1100 hectares, là encore essentiellement autour de l’étang de Thau) pour produire les vins blancs secs qui forment la joyeuse porte d’entrée de nos vins du littoral vers l’AOP Picpoul.
En AOP, le piquepoul est le seul ingrédient des vins de l’AOP Picpoul de Pinet. Il rencontre un succès fou sur ses terres comme à l’export. Les vignerons ont structuré sa gamme. On en connaissait le cœur, le Picpoul frais et digeste au bouquet de citron et citronnelle pour l’apéritif et l’entrée, qui est sa signature. Il faut découvrir le niveau prestige, baptisé “Patience”, où les élevages sur lies apportent en complexité et en gras en bouche, pour suivre sur le plat en sauce.
ROUSSANNE
Originaire de la Vallée du Rhône, elle présente de jolies baies blondes qui roussissent à maturité, d’où son nom. Elle offre des vins complexes avec de l’acacia, de la fleur au miel, du chevrefeuille et des arômes de fruits à noyaux (cerise et pêche blanches) qui accueillent volontiers les notes toastées et grillées d’un élevage intégré. Son acidité brillante offre un potentiel de plusieurs années de garde pour lui faire gagner encore en complexité. Elle représente 1200 hectares.
MARSANNE
Plus discrète et moins plantées, elle aussi est originaire du Rhône et la partenaire attitrée de la roussanne, à qui elle apporte son gras et ses arômes noisetés et réglissés. Elle occupe 500 hectares en Languedoc.
VIOGNIER
Le viognier a acquis ses lettres de noblesse au nord des Côtes du Rhône. Il fait son miel en Languedoc avec des expressions généreuses d’abricot et de pêche. Très expressif, il doit se faire discret en AOP : afin qu’il ne prenne pas toute la scène, on le limite à 10 % dans les assemblages. Mais cet expansif a toutes les occasions de s’exprimer en monocépage en IGP Sud de France et là c’est le grand boum aromatique !
CABERNET FRANC
Exigeant et capable du meilleur, le cabernet franc ne représente que 3500 hectares en Languedoc, principalement plantés au sein des appellations Malepère et Cabardès. Il a la maturité capricieuse, demande de la fraîcheur de climat et du soleil sans brûler, l’équilibre est tendu mais sa finesse aromatique sur le poivre vert et le caractère terrien en font un cépage fascinant à travailler.